Réponses aux objections (2/6)
Les objections formulées à l'encontre
d'un revenu inconditionnel sont nombreuses. On peut les regrouper ainsi :
- Un revenu sans travail est contraire à notre éthique
- Une allocation identique pour tous est inéquitable
- Cette réforme risque de générer des comportements
irrationnels
- Elle est susceptible de dérégler l'économie
- Sa mise en uvre sera délicate
- Il existe d'autres moyens plus efficaces pour parvenir au résultat
souhaité
II - Un revenu inconditionnel identique pour tous
est inéquitable
"Distribuer une somme identique au riche et
au pauvre est contraire à la justice"
Le revenu inconditionnel, de par sa nature, est indépendant
de toutes conditions de ressources. En cela, il établit une égalité
entre tous et diminue la distance sociale entre les citoyens. Il apporte
ainsi à chacun le témoignage concret de son appartenance
à la communauté. L'égalité parfaite entre
le droit des femmes et celui des hommes devient réalité.
Toutefois, le revenu inconditionnel viendra s'ajouter aux autres revenus.
De la sorte, une partie substantielle du revenu supplémentaire
ainsi alloué aux riches sera reprise par l'impôt. Si donc
le revenu brut distribué est le même pour tous, le revenu
inconditionnel après impôt est d'autant plus élevé
que les autres revenus sont moindres.
Cette égalité de traitement dispense l'Etat de discussions
sans fin sur le choix des bénéficiaires; en outre, par
sa simplicité elle élimine toute bureaucratie, allégeant
ainsi les charges de la collectivité (voir infra).
Pour autant, ce revenu indifférencié ne dispense pas
la collectivité de la prise en compte de besoins spécifiques,
incapacités physiques ou autres par exemple, mais dorénavant
moins nombreux puisque la plupart seront assumés par le revenu
inconditionnel. En outre, notons que certains besoins élémentaires,
mal satisfaits au niveau de l'individu isolé, peuvent être
plus facilement couverts au sein du ménage, de la famille ou
à plusieurs. D'où l'intérêt en certaines
circonstances de se regrouper pour bénéficier au mieux
de l'apport du revenu inconditionnel.
"Distribuer à tous une somme aussi
modique ne peut permettre aux plus démunis de vivre dignement"
C'est exact, mais allouer une somme relativement modique
croissant avec l'augmentation du PIB :
-
est financièrement réaliste, donc immédiatement
réalisable et sûr à long terme ;
-
promettre trop, tout de suite, amène à
différer indéfiniment toute réforme ;
-
lève la plupart des objections sur la démotivation
au travail ;
-
par là même, exclut des comportements
irresponsables ;
-
n'interdit nullement toute évolution ultérieure
en fonction des circonstances ;
-
en outre, plusieurs systèmes de protection sociales
sont maintenus, complètant le dispositif : les aides au logement,
l'assurance chômage, l'assurance retraite, l'aide aux handicapés...
"En dehors de toute recherche d'équité,
ne serait-il pas plus efficace de reporter sur les plus nécessiteux
l'allocation versée aux riches ?"
Opérer une distinction entre les riches et les pauvres
nous ramène à une logique d'assistanat, avec tous les inconvénients
inhérents à un tel système : ressources à justifier,
contrôles à exercer, opacité, surenchères, lourdeur
bureaucratique. En outre, c'est rompre avec le postulat de l'égale
appartenance de chacun à la communauté du seul fait de son
existence. Pour autant, le revenu disponible après impôt n'est
pas le même pour tous. Il faut prendre en considération le
fait que la partie reprise par l'impôt est d'autant plus importante
que le revenu est élevé.
"Pourquoi distribuer une somme identique à
tous et en reprendre une partie par l'impôt, au lieu de répartir
directement la somme nette revenant à chacun ?""
-
Par souci de simplicité et d'efficacité,
d'abord. Un revenu d'existence distribué a priori dispense
l'administration de toute enquête préalable, de tout justificatif
et de tout contrôle. Sans déclaration spéciale,
le revenu d'existence est automatiquement ajouté au revenu de
chacun des bénéficiaires. Les impôts sont calculés
sur l'ensemble des autres revenus, de préférence prélevés
à la source.
-
Pour des raisons de transparence, aussi. Comme le revenu
ainsi distribué se substitue à la multiplicité
des aides allouées à la personne, la collectivité
connaît parfaitement la redistribution effective pour chaque citoyen.
Ceci limite les passe-droits et les avantages particuliers.
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- Un revenu sans travail est contraire à notre éthique
- Une allocation identique pour tous est inéquitable
- Cette réforme risque de générer des comportements
irrationnels
- Elle est susceptible de dérégler l'économie
- Sa mise en uvre sera délicate
- Il existe d'autres moyens plus efficaces pour parvenir au résultat
souhaité