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Les objections formulées à l'encontre d'un revenu inconditionnel sont nombreuses. On peut les regrouper ainsi :
"Le revenu inconditionnel peut conduire à des comportements imprévisibles"
Cette objection serait fondée si le revenu inconditionnel atteignait d'emblée un montant élevé. Or, au départ il sera à un niveau proche de celui du RSA. Les expériences réalisées dans divers pays nous prouvent que les bénéficiaires d'une allocation d'un montant modeste ne modifient pas fondamentalement leurs comportaments. Au cours de la mise en oeuvre, probablement par étapes, il sera possible de s'adapter pour éviter d'atteindre un seuil à partir duquel l'incitation à travailler n'est plus suffisante.
"Le revenu inconditionnel va inciter à la paresse et déresponsabiliser l'individu"
"Certains bénéficiaires du revenu inconditionnel ne sauront pas utiliser leur temps libre"
Cette objection concerne tout autant la réduction du temps de travail, phénomène historique, que l'instauration du revenu inconditionnel. D'ailleurs, elle avait déjà été avancée lors de la mise en place des congés payés. Elle traduit un mépris inacceptable vis à vis de l'homme, supposé incapable de gérer son temps. Cette crainte peut être fondée si l'éducation se limite à l'unique enseignement d'un savoir faire, au détriment d'un savoir être, et si l'on apprend pas aussi comment occuper intelligemment et efficacement son temps libre. On a encore trop souvent tendance à confondre temps libre et oisiveté, alors qu'un temps libre bien employé est générateur d'une activité formatrice et enrichissante, tant pour soi même que pour ses proches et la collectivité.
"Un revenu inconditionnel favorisera les profiteurs"
Les profiteurs sont surtout heureux lorsqu'ils peuvent frauder, d'autant que le sentiment d'enfreindre un interdit est toujours stimulant. Dans le cas du revenu d'existencel il n'y aura plus d'interdit. Chacun choisit librement de travailler ou pas. Mais comme simultanément on remet à l'honneur des valeurs un peu oubliées comme l'attention et l'aide aux autres ils serait bien surprenant qu'un grand nombre d'inactifs ne s'y intéressent pas, car il leur faut un espace de sécurité pour qu'elles puissent s'exercer. Cet espace le revenu inconditionnel le donne : il est le don de tous à tous.
"Ne sera-t-il pas mal supporté à la longue par ceux qui, en raison du prélèvement opéré par l'impôt, risquent de vouloir en alléger la charge ?"
Pour lever cette objection, il faut raisonner dans une perspective globale, à long terme, et prendre conscience que, dorénavant, le revenu distribué à chacun comprendra, nécessairement, une part croissante prélevée sur la richesse collective : pour le versement d'un revenu d'existence d'une part, pour l'allégement des charges salariales d'autre part.
En effet, pour maintenir la compétitivité économique des travaux peu qualifiés, une partie des charges sur salaires, autrefois imputée aux entreprises, est déjà largement financée par la collectivité, par le biais de l'exonération (Fillon) de charges sur les bas salaires et le CICE. Ce mouvement est inexorable. Le revenu d'existence permet de réaliser le soutien aux bas salaires de façon beaucoup plus simple et efficace, sans aucun effet de seuil ni démotivation des salariés.
C'est sur longue période que l'on appréciera les bienfaits du système, tant par son incidence sur le maintien d'activités nécessaires à notre bien-être, que pour le sentiment de solidarité communautaire positive, transversal aux classes sociales, qu'il suscite. Dès lors, sa remise en cause serait irrémédiablement perçue comme une régression économique et sociale.
"La société verra-t-elle coexister durablement sans violence une population bien intégrée et une autre ne disposant pour vivre que du revenu inconditionnel ?"
Le revenu inconditionnel ne répond pas en soi au problème du chômage, car il s'inscrit dans une toute autre perspective. Il ne dispense pas chacun de chercher à travailler pour améliorer son train de vie. De même, il ne dispense pas la société de favoriser l'emploi par une adaptation plus souple de la durée du travail, allant de pair avec une croissance économique bien maîtrisée. Contrairement à certaines affirmations, le revenu d'existence ne se substitue pas au revenu du travail. Il vient en complément, pour assurer à chacun un minimum de sécurité.
Consulter les autres objections ?
Une émission de Radio Ici & Maintenant consacrée au financement d'un revenu d'existence en France, avec les économistes Yoland Bresson, Marc de Basquiat et Amaru Mbape.